Précis de gouvernement

Publié le par Dialectikon

Pourquoi réécrire ce qui a été si bien dit ? 
Voici à méditer un texte dense et précis de Jefferson datant de 1801 : tout y est sur les principes de gouvernement. C'est un retour à l'essentiel, au non négociable, un grand texte fondateur du libéralisme.



« Bien que la volonté de la majorité doive prévaloir dans tous les cas, cette volonté, pour être légitime doit être raisonnable. La minorité possède des droits égaux, que des lois égales doivent protéger. Violer ces droits seraient une oppression. On dit quelquefois que l'on ne doit pas confier à l'homme le gouvernement de lui-même. Mais comment peut-on lui confier alors le gouvernement des autres ? Ou bien a-t-on trouver des anges, sous la forme de rois pour nous gouverner ? Empêcher les hommes de se faire du mal mutuellement et leur laisser d'ailleurs pleine liberté de se diriger dans les efforts de leur industrie et dans leurs progrès vers l'amélioration, voilà le but unique d'un bon gouvernement. 
Une justice égale et exacte pour tous les hommes, quelles que soient ou leur condition ou leur croyance, religieuse et politique, la paix, le commerce, la loyauté envers toutes les nations, sans alliances insidieuses avec aucune, le maintien des gouvernements des Etats dans tous leurs droits, comme l'administration la plus convenable pour nos intérêts domestiques et le boulevard le plus assuré contre les tendances anti-républicaines, la conservation du gouvernement fédéral, dans toute sa vigueur constitutionnelle, comme la garantie de notre repos en dedans et de notre sûreté au-dehors, une attention scrupuleuse au droit d'élection par le peuple, correctif doux et sûr des abus, qu'autrement le fer des révolutions détruit, lorsqu'on n'a préparé aucun remède paisible, un assentiment sans réserve aux décisions de la majorité, une milice bien disciplinée, notre meilleure sauvegarde en temps de paix et dans les premiers moments d'une guerre, jusqu'à ce que des troupes réglées puissent la seconder, la suprématie de l'autorité civile sur l'autorité militaire, l'économie dans les dépenses publiques, afin de ne charger que légèrement la classe laborieuse, le paiement fidèle de nos dettes et un respect inviolable pour la foi publique, la dissémination de l'instruction et l'appel à la raison publique, contre tous les abus, quels qu'ils soient, la liberté religieuse, la liberté de la presse, la liberté des personnes sous la protection de l' « habeas corpus » et du jugement par des jurés choisis avec impartialité, voilà les principes essentiels de notre gouvernement. 
Les veilles de nos sages, le sang de nos héros ont été consacrés à leur triomphe. 
C'est la profession de notre foi politique, le texte de l'instruction des citoyens, la pierre de touche par laquelle nous pouvons apprécier les services de ceux en qui nous mettons notre confiance ; et si nous nous écartions de ces principes dans des moments d'erreur ou d'alarme, il faudrait nous hâter de revenir sur nos pas et rentrer dans la route qui seule conduit à la paix, à la liberté et à la sûreté. »

Thomas JEFFERSON

Publié dans Histoire et culture

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