Pour en finir avec le militantisme

Publié le par Alain Toullec

« Je ne suis pas libéral. Ni libertarien. »

Dans les milieux libéraux comme ailleurs, chacun se précipite dans l’impasse du choix partisan. On voit les pro-Trump reprendre à satiété les informations qui corroborent leur choix, le présentant comme un sauveur et dénigrant les opposants et les anti Trump éructant à l’inverse, avec leurs propres choix d’information, insultant les membres du parti adverse et le présentant cette fois comme un clown, un raciste ou un fasciste.

Si l’un critique son laxisme dans les dépenses publiques et l’accumulation de la dette, les « pro » Trump hurlent au crime de lèse-majesté.

Si un autre se réjouit de la baisse d’impôts ou la volonté très nette de ne pas faire la guerre et de rapatrier les troupes, alors le militant anti Trump cherche à diffuser une information qui ridiculise la personne pour démonter les « pro ».

Et chaque camp de faire la collection des éléments qui confirment son choix.

Le paroxysme été atteint lors de la présidentielle de 2020 avec les « communiqués de guerre » claironnant avec réjouissance de la prise ou de la perte de tel ou tel État : « c’est sûr il a pris la Pennsylvanie », « c’est sûr il a perdu la Pennsylvanie ».

Quand on consulte les journaux de la première guerre mondiale, on retrouve la même logorrhée victorieuse des deux belligérants sur la prise de « Douaumont ».

L’objectif n’est alors pas d’informer mais de l’emporter, de montrer que l’on a raison. L’inanité des débats à la télévision en est une preuve.

Le syndrome Trump n’est pas isolé.
Certains libéraux ont choisi de militer en rejoignant les macronistes : prêts à rejeter toute critique, et inversement pour les opposants.

Le phénomène a été particulièrement évident dans la crise de la pandémie : on a pu voir des macronistes rejeter tout ce que pouvait dire le professeur Raoult parce qu’il osait braver le discours officiel du pouvoir. Et bien entendu, d’autres ne questionnaient pas le médecin parce que justement il avait l’image de cette posture.

 

Le militant abandonne son esprit critique pour son champion ou son parti.
C’est la raison pour laquelle un parti libéral ou libertarien n’a aucune raison d’être et qu’il ne peut y avoir de « sauveur » ou d’homme providentiel.
Je ne suis pas libéral car je ne défends pas une étiquette et que je ne milite pas pour une personne ou un parti.
Je ne suis pas libéral non plus pour prendre pour argent comptant tout ce que dit tel ou tel auteur, fût - il exceptionnel.

Je veux défendre la liberté individuelle, la propriété privée y compris des moyens de production et me consacrer à démonter les fondements du socialisme.
Ce combat anti-idéologique reste ma priorité.


« Je suis communiste »

Les communistes dans la pratique depuis 1946 se moquent des partis et des hommes ou des femmes qui les représentent. Le leader provisoire disparait, le combat continue. « Le premier secrétaire du parti est mort, vive le premier secrétaire du parti. »

Ils ont une feuille de route, « les dix points du manifeste du parti communiste de 1848 » et un corpus idéologique et ils s’y tiennent. Ils ont compris qu’il était inutile de prendre le pourvoir, au sens conventionnel du terme, c’est-à-dire par les élections pour instaurer leur vision du monde. Il n’est pas nécessaire d’avoir des élus quand on maîtrise tous les rouages de la société.
La pensée « socialiste » a gagné les esprits de toute l’élite. Les socialistes ou communistes, c’est comme on veut, ont investi l’Université, les syndicats salariés et patronaux mais surtout ils ont mis en place des organisations étatiques, administrations des impôts ou du travail ou para - étatiques URSSAF, CARSAT qui font progresser jour après jour la collectivisation de la société. Il suffit de constater leur acharnement à détruire les artisans, commerçants et professions libérales : on trouvera la source de cette détermination directement chez Lénine, comme je le montrerai dans un prochain article.

Les employés de ces organisations sont des militants déterminés pour leur cause. Peu importe la couleur officielle du gouvernement : par petites touches, lois et amendement par amendement, les communistes ont enserré la liberté personnelle et économique, détruit l’épargne et encadré les revenus.

Personne, dans la classe politique ou médiatique ne défend la propriété privée, l’épargne ou le capital ni la prééminence de l’individu sur la collectivité. Et ce ne sont pas les partis « de droite » ou du « centre » qui agiront.
Ils ont ces vingt dernières années progressé rapidement en comprenant le rôle qu’internet pouvait jouer, à l’image de Big Brother pour assurer le contrôle de la société.

Aujourd’hui, la pierre angulaire de l’édifice est la « déclaration sociale nominative (DSN) ». C’est présenté dans l’indifférence générale comme un outil pratique, simplifiant la vie des gens. C’est terrifiant.
Tous les mois les entreprises ont l’obligation de transmettre aux organismes sociaux et étatiques toutes les informations sur les salariés qui travaillent pour eux : c’est simple, ce sont les bulletins de salaires dématérialisés qui servent de support. Ainsi, toutes les administrations étatiques et para - étatiques – ont une connaissance exhaustive de nos vies. Ils savent par exemple si le salarié a été absent et pourquoi, quelle prime il a touchée, de combien de remboursements de frais de déplacement il a bénéficié. Dorénavant, les « droits » seront calculés et attribués sans intervention du citoyen.

C’est par ce même truchement que se fait la collecte pour le prélèvement à la source.
Qui dans les partis d’opposition dits « de droite » ou se prétendant non socialistes se sont opposés à la mise en place de ce système « orwellien » ? Qui s’est opposé à la mise en place de la dématérialisation obligatoire de la déclaration d’impôts préremplie grâce à la collaboration des entreprises, des banques, des assurances, et autres établissements financiers ? Aucun de ces organismes ne s’engagent dans la protection des données au titre du Règlement Général sur la Protection des Données, qui n’est obligatoire et contraignant que pour les structures privées.

Macron démission ? Pour quoi faire ?

Qui remet en cause les pouvoirs exorbitants des contrôleurs militants de l’URSSAF, des impôts, de l’Inspection du travail ou des ingénieurs – conseil des services « prévention » des CARSAT ?

Personne, parce que cela n’apporterait aucun avantage sur le plan électoral au politicien concerné : les fondamentaux socialistes, qu’il s’agisse du travail, de la valeur, de la version collectiviste de la solidarité par exemple sont profondément intégrés dans l’esprit de la population et approuvés par la classe politique dans son ensemble.

La liberté n’est pas un présupposé idéologique. Le socialisme, si.

Je suis convaincu qu’il faut cesser de militer. L’homme providentiel n’existe pas et quand bien même, il serait inaudible. Promouvoir le libéralisme en tant que tel est une impasse. Il n’est donc pas question de créer un « parti libéral ». Tous les essais se sont écrasés sur le mur du compromis.

Que faire ?

Pas grand-chose en réalité, car le pays est verrouillé.

Alors, il reste la seule chose que j’ai su faire dans ma vie : de la pédagogie.

C’est le seul militantisme que je m’accorde.
En me concentrant sur l’économie, j’ai identifié dix points, dix propositions qui sont les moins acceptées et qui sont ressentis comme des scandales à leur énoncé.

Chaque « scandale » sera présenté dans un texte que je prévois le plus concis possible.

 

J’ai décidé de publier cet ensemble sur mon blog en feuilleton, sans prendre la peine de peaufiner car je ne suis pas sûr d’en avoir le temps : le perfectionnisme tue l’action.

 

 

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